Engagement et contestation : Boris Vian
La complainte du progrès, chanson de Boris Vian, 1956
Source http://lewebpedagogique.com/lapasserelle/tag/trente-glorieuses/
Nous sommes alors dans la période des « Trente Glorieuses » (1946-1975), marquée par une croissance économique soutenue et ininterrompue, ainsi que par une amélioration générale des conditions de vie. Cette hausse du niveau de vie s’accompagne d’une augmentation du niveau d’équipement. L'accès à la consommation devient une des préoccupations majeures des Français. De nouveaux objets au design alléchant garnissent les intérieurs: rasoir, transistor, sèche-cheveux, lampadaire, cocotte-minute, mixeur, téléphone...
Autrefois pour faire sa cour
On parlait d'amour
Pour mieux prouver son ardeur
On offrait son coeur
Maintenant c'est plus pareil
Ça change ça change
Pour séduire le cher ange
On lui glisse à l'oreille
Ah Gudule, viens m'embrasser, et je te donnerai...
Un frigidaire, un joli scooter, un atomixer
Et du Dunlopillo
Une cuisinière, avec un four en verre
Des tas de couverts et des pelles à gâteau!
Une tourniquette pour faire la vinaigrette
Un bel aérateur pour bouffer les odeurs
Des draps qui chauffent
Un pistolet à gaufres
Un avion pour deux...
Et nous serons heureux!
Autrefois s'il arrivait
Que l'on se querelle
L'air lugubre on s'en allait
En laissant la vaisselle
Maintenant que voulez-vous
La vie est si chère
On dit: "rentre chez ta mère"
Et on se garde tout
Ah Gudule, excuse-toi, ou je reprends tout ça...
Mon frigidaire, mon armoire à cuillers
Mon évier en fer, et mon poêle à mazout
Mon cire-godasses, mon repasse-limaces
Mon tabouret-à-glace et mon chasse-filous!
La tourniquette, à faire la vinaigrette
Le ratatineur dur et le coupe friture
Et si la belle se montre encore rebelle
On la ficelle dehors, pour confier son sort...
Au frigidaire, à l'efface-poussière
A la cuisinière, au lit qu'est toujours fait
Au chauffe-savates, au canon à patates
A l'éventre-tomate, à l'écorche-poulet!
Mais très très vite
On reçoit la visite
D'une tendre petite
Qui vous offre son coeur
Alors on cède
Car il faut qu'on s'entraide
Et l'on vit comme ça jusqu'à la prochaine fois
Et l'on vit comme ça jusqu'à la prochaine fois
Et l'on vit comme ça jusqu'à la prochaine fois
La Java des Bombes Atomiques, Boris Vian, 1955
Bombe de Nagasaki http://seconde.guerre.mondiale.pagesperso-orange.fr/ba.htm
Boris Vian écrit cette « java » en 1955. A cette époque USA et URSS se livrent une course effrénée dans la maîtrise de la technologie nucléaire à des fins militaires. Si l’URSS s’est dotée de l’arme nucléaire en 1949, les USA font exploser leur première bombe à Hydrogène, beaucoup plus puissante que celle d’Hiroshima, en 1953, immédiatement imités par les soviétiques en 1954. L’équilibre de la terreur se met progressivement en place, d’où sortira la théorie de « la dissuasion nucléaire ». Pour Boris Vian, la chanson est surtout l’occasion de brocarder les hommes politiques