Dénoncer la guerre : Tardy
Putain de guerre de Jacques TARDI et Jean-Pierre Verney
Tardi et 14-18, c’est une vieille histoire. Une obsession, même. Déjà, dans C’était la guerre des tranchées, il racontait le quotidien des poilus, leurs peurs et leurs souffrances, Avec Putain de guerre, premier volet d’un diptyque, il se lance dans un projet à la hauteur de son intérêt pour le premier conflit mondial, qu’il retrace par le biais d’un personnage fictif symbolisant ces milliers de jeunes gens précipités dans la première grande boucherie collective du XXe siècle. Ce personnage dont nous suivons la progression à travers l’horreur est un ouvrier tourneur des établissements Birscorne, à Paris, rue des Panoyaux, dans ce XXe arrondissement que Tardi connaît bien. Pour lui, comme pour tant d’autres hommes de son âge à peine sortis de l’adolescence, tout commence par un bel après-midi d’été, au mois d’août 1914. « C’était nous les petits soldats français sous un soleil de plomb, les pieds dans les champs de blé, la tête au champ d’honneur, la trouille au ventre et la merde au cul », fait dire Tardi à son personnage qui perd assez vite ses illusions sur les événements. Tardi montre bien l’exaltation de la mobilisation et le sentiment largement répandu, chez les deux camps en présence, que cette guerre ne va pas durer. Il décrit l’enlisement du conflit, l’installation dans les tranchées et le basculement progressif dans l’horreur.